L’adoption, mesure de protection de l’enfance : 39% des Français(es) y ont déjà pensé et 33% déclarent que c’est un sujet qui nous concerne tous selon une étude Kantar Insights France
Paris, le 20 novembre 2023 - À l’occasion de la Journée Mondiale de l’Enfance, Kantar Insights France a mené une étude inédite pour l’association Enfance & Familles d’Adoption (EFA), qui fête cette année ses 70 ans d’existence au service de l’adoption et de l’enfance délaissée. Kantar Insights France a interrogé 1000 personnes vivant en France, âgées de 18 ans ou plus et constituant un panel national représentatif, afin de recueillir leurs perceptions sur l’adoption d’enfants.
Cette étude inédite sur l’adoption a permis de révéler les 4 principaux enseignements suivants :
- L’adoption est un sujet grand public
- Dont les perceptions se situent entre idéalisme et réalisme
- Et qui génère encore de nombreuses idées reçues ou datées
- D’où la nécessité d’être bien accompagné quand on envisage d'adopter un enfant
L’adoption est un sujet qui nous concerne tous
L’adoption est aujourd’hui largement acceptée par la société française : 77% ne rejettent pas l’idée d’adopter un enfant, qu’ils y aient déjà pensé (39%) ou non (38%). Cela n’est pas surprenant puisque l’adoption est un phénomène relativement courant : 41% connaissent quelqu’un concerné par l’adoption, que cela soit un adoptant (28%), un adopté (16%) et/ou des personnes cherchant à adopter (5%). En conséquence, l’adoption est un sujet qui intéresse le grand public (61% jugent le sujet intéressant vs 8% peu intéressant).
Toutefois, les Français(es) déclarent que certains tabous persistent (42% déclarent que c’est un sujet tabou vs 25% dont on peut parler facilement) et ils restent partagés quand il s’agit de définir leur relation à l’adoption (33% pensent que c’est un sujet qui nous concerne tous, 34% un sujet qui ne concerne qu’une minorité, le pourcentage restant représentant les indécis). Il reste donc du chemin à parcourir pour faire évoluer les mentalités et faire de l’adoption d’enfants un grand sujet de société.
Les Français(es) et l’adoption, entre idéalisme et réalisme
Quand on pense à l’adoption d’enfants, les premiers mots qui viennent spontanément à l’esprit sont « l’amour », « le bonheur » et « la famille ». Les Français(es) tendent à idéaliser l’adoption sans pour autant en nier les difficultés : ainsi, ils nous parlent d’un acte magnifique (36% de l’amour, de la générosité/ du partage, une belle action), d’une source de joie, d’une chance (28%), d’une manière de faire famille (22%) mais également des difficultés (30%).
On retrouve cette double perception quand il s’agit de comprendre les raisons qui motivent à adopter un enfant. Selon les Français(es), la démarche d’adoption s’explique d’abord par l’impossibilité d’avoir un enfant biologique (75%) puis par le désir de faire le bonheur d’un enfant (60%) et pour construire une famille autrement qu’en concevant un enfant (35%, 41% chez ceux qui ont déjà pensé à adopter). Comme le confirme Anne Royal, présidente d'EFA, « La réussite d’une adoption tient à l’équilibre réalisé entre les intérêts bien compris de l’enfant et le désir d'une famille préparée à l'accueillir. Pour l'association EFA, tout enfant a droit à une famille. »
Mais, selon les personnes interrogées, beaucoup ne souhaitent pas adopter car c’est une démarche longue et compliquée (pour 78%, de loin le premier frein). Logiquement, cette réponse est particulièrement citée par les personnes n’ayant jamais pensé à adopter. À l’inverse, les personnes qui rejettent l’adoption citent davantage les défis qui attendent les familles adoptives.
Ces craintes sont-elles pleinement justifiées ? En confrontant les résultats de cette étude à des chiffres officiels sur l’adoption, nous avons découvert la persistance de certaines idées reçues.
De nombreuses idées reçues ou datées persistent au sujet de l’adoption
IDÉE N°1 : « Adopter, c’est long » : VRAI
Il faudrait 2 à 4 ans selon les Français(es) mais c’est plutôt de 4 à 6 ans dans la réalité. « Malgré leur réel désir d’adopter un enfant, certains se découragent en cours de route ou se rendent compte que les enfants adoptables aujourd'hui ne correspondent pas à l'enfant qu'ils se sentent en capacité d'adopter » nous explique Anne Royal.
IDÉE N°2 : « Il y a peu d’enfants à adopter en France » : PLUTÔT INEXACT
Beaucoup déclarent être surpris par la statistique officielle suivante « 3500 enfants pupilles de l’État sont juridiquement adoptables en France » (*). 58% nous disent que c’est plus que ce qu’ils pensaient, particulièrement ceux qui n’ont jamais pensé à adopter. Ce chiffre est en forte augmentation puisque qu’on compte 3965 enfants pupilles de l’État en 2021 (+14,5% en un an, +70% depuis 2012 (**).
Mais, s’ils sont nombreux, les pupilles de l‘État sont en moyenne plus âgés que ce que pensent les Français(es), et donc ne correspondent pas toujours au projet familial des futurs adoptants, d’où, peut-être, le sentiment qu’il y a peu d’enfants à adopter en France. En effet, ils ont 9 ans en moyenne (*) (**) vs 6 ans selon les personnes interrogées.
Selon Karine Nivelais, référente Adoption Nationale à EFA, « Beaucoup de postulants à l’adoption rêvent d’adopter un tout-petit. Mais il faut savoir que l’adoption concerne peu de bébés, de moins en moins en fait (337 enfants de moins d’un an ont été confiés en vue de leur adoption durant l’année 2021, soit 55% vs 79% durant l’année 2009). Les projets d’adoption doivent donc tenir compte de ces réalités pour parfois s’éloigner du schéma « classique », ce qui amène les parents à passer de l’enfant dont ils rêvent à l’enfant qui les attend. »
IDÉE N°3 : « Il est plus facile d’adopter à l’étranger » : FAUX
Ce qui était vrai il y a quelques années ne l’est plus désormais et il s’agit d’une idée « datée ». En effet, l’origine des enfants adoptés a très nettement évolué au cours des 15 dernières années, mais pas les perceptions des Français(es) qui sont 38% à penser que les enfants adoptés aujourd’hui en France sont majoritairement nés à l’étranger (vs 20% en France, 19% autant l’un que l’autre et 23% d’indécis). Dans les faits, si le nombre d’enfants confiés en vue d’adoption nés en France est resté relativement stable (entre 953 et 913 à fin décembre sur les 10 dernières années **), le nombre d’enfants adoptés nés à l’étranger s’est significativement réduit de 4136 à 232 entre 2005 et 2022 (***). Également, contrairement aux perceptions, la durée d'attente pour l'adoption internationale est au moins équivalente à celle que l'on observe en adoption nationale, alors que 54% pensent que l’attente est moins longue.
IDÉE N°4 : « Les enfants adoptables sont des orphelins » : FAUX
Dans les faits, les pupilles de l’État sont pour 65% des enfants admis à la suite d’une décision judiciaire, des enfants délaissés par leurs parents ou dont les parents se sont vu retirer l’autorité parentale (**) : c’est beaucoup plus que ce qu’imaginent les personnes interrogées (23%) qui pensent d’abord à des orphelins, sans famille (31%).
L’importance d’être bien accompagné quand on envisage l’adoption
Les démarches étant longues et parfois difficiles, les Français(es) pensent que l’accompagnement peut d’abord faire la différence pour bien se préparer (38%) et se sentir soutenu tout au long du parcours (34%) quand on est un candidat à l’adoption ou un adoptant.
À ce titre, les personnes ou organisations les plus susceptibles de les accompagner sont d’abord les professionnels (travailleurs sociaux, professionnels de santé, juristes) qui peuvent les aider dans les démarches à effectuer (39%) et les personnes qui sont elles-mêmes passées par là (familles adoptantes, personnes adoptées) qui peuvent partager leur expérience (29%).
À noter que ceux personnellement impliqués, et donc plus expérimentés, apprécient davantage les associations composées de bénévoles qui œuvrent pour l’adoption et l’enfance, à l’instar d’Enfance & Familles d’Adoption (EFA). « En 70 ans d’existence et d’action au service de l’enfance délaissée, plus de 20 000 enfants, adoptés ici et ailleurs ont vu leurs parents rejoindre la fédération EFA, ce qui en fait le plus grand mouvement de l’adoption en France et l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics en matière d’adoption » déclare Anne Royal.
Sources externes
(*) Rapport pupilles 2020 de l’Observatoire national de la protection de l’enfance
(**) Rapport pupilles 2021 de l’Observatoire national de la protection de l’enfance
(***) Statistiques de l’adoption internationale 2022 du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères.
À propos de l’étude
Entre le 26/07 et le 02/08/2023, Kantar Insights France a interrogé un échantillon de 1000 personnes vivant en France de 18 ans et +, national représentatif en termes d’âge, de sexe, de région et de CSP. Nous leur avons demandé leur avis et leurs perceptions sur l’adoption d’enfant, qu’ils soient personnellement concernés par le sujet ou non. Cette étude inédite a été menée en partenariat avec l’association Enfance & Familles d’Adoption (EFA) à l’occasion de leur 70ème anniversaire.
À propos d’Enfance & Familles d’Adoption (EFA)
Enfance & Familles d’Adoption (EFA) est une fédération de 92 associations départementales, regroupant près de 5 500 familles adoptives et adoptés majeurs. Les objectifs de l’association sont de préparer et guider les candidats à l’adoption, de soutenir les adoptants dans leur parentalité et les adoptés dans leurs interrogations, de proposer des formations aux professionnels, et de fournir des informations sur l’adoption. EFA ne confie pas d’enfants à l’adoption. Association loi 1901, EFA est reconnue d’utilité publique depuis 1984.
Pour en savoir plus : https://www.adoptionefa.org/