Baromètre national de perception de l'égalité des chances (2017)

Pour la 6e année consécutive, l'équilibre vie privée/vie professionnelle et la santé et la sécurité au travail arrivent en tête des sujets que les salariés jugent prioritaires en entreprise.
06 novembre 2017
Baromètre national de perception de l'égalité des chances
Karen Tartour
Karen
Tartour

Directrice Expertise CX – Europe du Sud et Centrale

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L'égalité des chances se hisse en 3e position, passant devant l'exemplarité du manager (plus de 20 points devant le respect des diversités).

Égalité des chances et respect des diversités : deux notions similaires aux attentes différentes pour les salariés français

En 2017, le respect des diversités et l'égalité des chances ont été scindés en deux notions permettant de mettre en avant un réel écart de perception entre celles-ci pour les salariés :

  • 9 français sur 10 jugent que l'égalité des chances doit être un sujet important en entreprise, 51 % d'entre eux estimant qu'il doit être un axe prioritaire
  • à contrario, la notion de respect des diversités se retrouve en dernière position des sujets qu'ils jugent importants en entreprise. 30 % seulement des personnes interrogées estiment qu'il doit constituer un axe prioritaire.

Du côté de la perception que les salariés ont des engagements de leurs employeurs :

  • l'écart entre ces deux notions apparaît comme moins important (seulement 1 point d'écart). Selon les salariés, près de 3/4 des employeurs attachent de l'importance au respect des diversité et à l'égalité des chances dans leur entreprise
  • en 2016, le concept de « respect des diversités et l'égalité des chances » était perçu comme constituant la 2e des priorités des employeurs. Cette année, le respect des diversités arrive en 4e position et l'égalité des chances en 5e position des priorités de l'entreprise, ce qui est cohérent avec les attentes plus fortes en la matière exprimées par les salariés
  • malgré le recul de ces notions dans les priorités de l'entreprise, 64 % des personnes interrogées connaissent au moins une action en lien avec ces questions au sein de leur entreprise et 78 % d'entre elles les jugent efficaces (+8 points en 4 ans).

Cependant, il existe des nuances liées à une prise de conscience plus grande des sujets dans certains contextes :

  • les managers et les salariés dont l'entreprise dispose d'un service diversité sont plus sensibles au respect des diversités
  • l'égalité des chances et le respect des diversités sont des sujets qui suscitent plus d'attentes vis-à-vis des employeurs des entreprises dites innovantes et des entreprises représentant bien la diversité.

À noter : les entreprises jugées innovantes et/ou représentant bien la diversité sont aussi considérées comme plus à l'écoute de leurs salariés que les autres entreprises sur l'ensemble des différentes questions abordées (équilibre vie professionnelle/vie privée, santé et sécurité au travail, exemplarité des managers, développement durable, etc.)

Confiance dans son avenir au sein de son entreprise et crainte d'être discriminé en général : une évolution importante du côté des femmes

En 2017, les femmes apparaissent comme nettement plus optimistes que les années précédentes :

  • après 3 ans de progression, la confiance des femmes dans leur avenir dans l'entreprise rejoint celle des hommes (72 %). Cette confiance se retrouve dans la baisse de 8 points en un an de leur peur d'être un jour victime de discrimination au sein de leur entreprise (passage de 47 % à 39 %) et dans l'augmentation de 6 points en un an de l'opinion positive que les femmes ont de leur manager (passage de 62 % à 68 %) ;
  • 1 salarié sur 2 craint toujours d'être un jour victime de discrimination sur le marché du travail. Cette peur, après une augmentation en 2016 du côté des femmes, a connu en un an un recul de 5 points (56 %) et de 3 points chez les hommes (48 %). Elle reste cependant à un niveau élevé des deux côtés, avec un écart de 8 points entre les femmes et les hommes.

Recul général de la peur d'être discriminé au sein de son entreprise

Parmi les craintes de discrimination perçues comme les plus probables au sein de sa propre entreprise, on retrouve l'âge (pour 33 % des répondants), le niveau ou type de diplôme (17 %) et l'apparence physique (16 %). Ces peurs ont reculé de 2 à 3 points en un an.

Le recul de la peur d'être discriminé est général en 2017. Pour ne citer que quelques exemples, en un an, la peur d'être discriminé en raison :

  • de son état de santé passe de 17 % à 11 % ;
  • de sa situation familiale passe de 16 % à 11 % ;
  • de son besoin de temps partiel ou de travail à domicile de 13 % à 6 % ;
  • d'une grossesse en cours passe de 6 % à 2 %.

Seul fait inquiétant, la peur d'être discriminé en fonction de sa couleur de peau, stable depuis 2012, passe de 5 % à 9 % (+4 points) en un an.

Lorsque l'on distingue les résultats entre les sexes pour la peur d'être discriminé, comme les années précédentes, la hiérarchie des motifs de discrimination potentielle est très différentiée entre les femmes et les hommes sauf sur la question de l'âge qui les rassemble :

  • chez les femmes, les plus grandes peurs de discrimination au sein de l'entreprise sont l'âge (35 %), le genre (28 %), l'apparence physique (21 %) et la situation familiale (17 %).
  • pour les hommes, le genre (5 %), l'apparence physique (12 %) et la situation familiale (6 %) sont des peurs de discrimination moins importantes que chez les femmes.
  • les hommes ont peur d'être discriminé en raison de leur âge (32 %), de leur niveau d'étude (20 %) et de leurs opinions politiques (13 %). Le lieu d'habitation (11 %) et l'origine sociale (11 %) sont des sujets qu'ils craignent plus que les femmes.

La proportion de salariés estimant faire partie d'une minorité reste stable (31 %). Parmi ces 31 % de salariés estimant faire partie d'une minorité, 14 % estiment que c'est en raison de leur âge, 7 % de leur apparence physique et 6 % de leur origine ethnique ou de leur couleur de peau. On constate qu'en fonction de la minorité à laquelle les salariés se sentent appartenir le taux de discrimination potentiel est multiple. Ainsi, les personnes se sentant appartenir à une minorité en raison de leur apparence physique pensent pouvoir être discriminés en raison de leur apparence physique à 18 %, de leur âge à 14 % et de leur niveau d'étude ou type de diplôme à 17 %. Pour les personnes se sentant appartenir à une minorité en raison de leur orientation sexuelle (4 %) 18 % pense pouvoir être discriminés en raison de leur orientation sexuelle, 15 % de leurs opinions politiques et 13 % de leur handicap. Malgré une perception des risques de discrimination qui s'atténue en entreprise au fil des années, l'âge et le genre restent pour les salariés les deux sujets prioritaires que leurs entreprises doivent traiter au plus vite pour permettre une meilleure égalité des chances.

Âge, genre, apparence physique et diplômes : quelles évolutions pour ces sujets ?

Discrimination en raison de l'âge : un sujet prioritaire pour les salariés français évoluant lentement mais positivement

L'âge, première crainte de discrimination, est le sujet le plus anxiogène en entreprise aussi bien pour les femmes que pour les hommes. Sur la base du scénario testé, les salariés français sont plus nombreux à considérer que le refus d'une promotion est probable en raison de l'âge. Ils considèrent par ailleurs cette situation comme révoltante pour 65 % d'entre eux. Cependant, force est de constater que cette question évolue depuis plusieurs années :

  • depuis 2012, la crainte d'être discriminé en raison de son âge est passée de 41 % à 33 % (-8 points)
  • pour les personnes de + de 50 ans, l'indice de facilité de carrière a augmenté de 8 points en six ans, passant de 77 % à 85 %.

L'apparence physique et le genre : des évolutions qu'il ne faut pas sous-estimer

Le genre, 2e peur de discrimination chez la femme, connaît aussi une légère amélioration :

  • depuis 2012, on constate un recul de 10 points sur la peur d'être discriminé en raison de son genre
  • les grossesses en cours, le besoin de temps partiel ou de travail à domicile et la situation familiale sont des sujets qui apparaissent comme moins discriminants que par le passé pour les salariés français
  • l'indice de facilité de carrière des mères d'enfants en bas âge a gagné 5 points en 6 ans, passant de 83 % en 2012 à 88 % en 2017
  • la mauvaise ambiance au travail en raison des allusions à caractères sexuelles a augmenté (+3 points en un an), dépassant par conséquent le port des signes religieux très visibles. Cela montre une prise de conscience de l'existence de situations de sexisme en entreprise qui n'étaient pas perçues auparavant et de son désir de lutter contre.

Concernant l'apparence physique : la beauté, le poids et la couleur de peau sont jugés comme des facteurs de discrimination légèrement moins importants que l'an passé. L'indice de facilité de carrière pour les personnes obèses est passé de 81% en 2016 à 83% en 2017.

Le niveau d'étude et le type de diplôme

Le niveau d'étude et le type de diplôme, 2e critère le plus cité dans les peurs de discrimination au sein de l'entreprise, a connu une évolution moins linéaire que l'âge et le genre. L'indice de facilité de carrière pour les personnes avec pas ou peu de diplômes et pourtant avec de très bonnes compétences se stabilise cette année à 78 % après avoir augmenté de 5 points en 5 ans. Plus de la moitié des interviewés pensent qu'il est probable d'être discriminé en raison de son diplôme et trouve cette situation révoltante à 56%.

Les possibilités de carrière, des évolutions globalement positives

L'indice de facilité de carrière pour les personnes portant un signe religieux visible a connu une augmentation de 5 points en un an, passant de 49 % à 54 %. Il reste malgré tout au niveau le plus faible et demeure un sujet perçu comme sensible en entreprise.

L'indice de facilité de carrière des personnes souffrant d'un handicap visible recule en 2017 de 2 points. Il semble actuellement plus difficile d'être recruté pour ces personnes (-4 points en un an). Paradoxalement, l'indice de carrière des personnes dont l'état de santé est altéré durablement ne fait qu'augmenter depuis 3 ans (+10 points passant de 51 % en 2015 à 61 % en 2017).

À noter : les moqueries en lien avec les problèmes de santé ou le handicap ont aussi augmenté de 2 points en un an. Le handicap est un sujet qui semble toujours délicat à aborder en entreprise. Il reste en 2017 le 3e chantier prioritaire pour les salariés pour permettre une meilleure égalité des chances en entreprise.

Les indices de facilité de carrière des autres minorités étudiées (femmes, personnes homosexuelles, personnes noires, personnes obèses, etc) connaissent une évolution positive depuis plusieurs années.

Cependant, l'année 2017 marque un tournant. Alors que les perspectives de carrière sont perçues comme s'améliorant pour la plu part des catégories de personnes, les salariés français semblent être moins sûrs de leurs réponses. Contrairement aux années précédentes les réponses « possible » sont préférées aux réponses « tout à fait possible ». Ainsi, lorsqu'on demande aux répondants s'il est « possible » ou « tout à fait possible » en fonction de la minorité citée d'être : « recruté dans mon entreprise », « occuper un poste en contact direct avec la clientèle » ou « occuper un poste à haute responsabilité » ils ont tendance à préférer la réponse « possible ». Par rapport à l'année précédente, les réponses « tout à fait possible » perdent entre 5 et 9 points pour les femmes, les personnes homosexuelles, les personnes noires et les mères d'enfants en bas âge. Ce recul a un impact net sur l'indice d'égalité des chances qui passe de 4,3 en 2016 à 3,9 en 2017.

En situation de tension sur les questions d'emploi la tendance des salariés revient à privilégier le candidat dit « standard » pour l'emploi ou la promotion et les salariés le ressentent.

Le climat en entreprise

Sur la capacité à aborder les sujets personnels en entreprise, l'année 2017 montre une certaine stabilité. La seule évolution concerne la facilité à aborder ses convictions politiques et syndicales (+6 points passant de 56% en 2016 à 62% en 2017), ce qui est probablement lié à une période dense d'un point de vue électoral.

Comme pour l'année 2016, les heures d'arrivée et de départ, les stéréotypes de genre et l'âge sont les sujets de moquerie les plus fréquents en entreprise. Dans les entreprises jugées comme les plus innovantes, les moqueries en raison de l'âge apparaissent comme plus fréquentes que dans les autres entreprises. Même si elles se classent en dernière position des moqueries en entreprise, les moqueries ciblant le niveau scolaire ou le type de diplôme et les problèmes de santé ou de handicap augmentent depuis 2012 (+7 points et +6 points en 6 ans).

Une image positive de l'entreprise

Près de 2/3 des salariés ont une bonne opinion de leur manager. Chez les femmes, ce score est en nette progression (+6 points en un an). Pour les hommes, ce chiffre reste stable.

Près de 3/4 des salariés estiment que leur entreprise représente bien la diversité de la société.

Dans ces entreprises, on constate qu'il y a :

  • une meilleure perception de l'engagement de l'entreprise sur les sujets diversité et égalité des chances par les salariés
  • des actions en faveur de la diversité en leur sein jugées comme plus efficaces que la moyenne (+26 points)
  • plus de facilité à parler de tous les sujets personnels (orientation sexuelle, problème de santé/handicap, convictions religieuses etc)
  • moins d'importance associée à l'apparence physique pour réussir dans l'entreprise.

Ces entreprises sont perçues par les salariés français comme plus engagées que les autres dans les sujets de société. La parole y semble plus libre et il apparaît comme plus simple d'aborder les sujets personnels, ce qui se traduit par un climat de confiance et une qualité de vie au travail plus élevée.

Près de 2/3 des salariés jugent leur entreprise innovante. Comme pour les entreprises qui représentent bien la diversité de la société, les salariés qui considèrent leur entreprise comme innovante ont une meilleure perception de sa prise en compte des sujets de diversité et de l'équilibre vie privée/vie professionnelle. Les actions en faveur de la diversité en leur sein sont jugées comme plus efficaces et la parole apparaît comme plus libérée. Cependant, l'âge y est une plus grande source de moquerie. L'innovation semble renforcer les stéréotypes à l'encontre des seniors.

Les salariés semblent avoir plus confiance dans des entreprises qu'ils jugent innovantes et qui travaillent sur les questions de diversité et d'égalités des chances.

Étude réalisée par Kantar pour le MEDEF du 1er au 15 juin 2017. Comme lors des années précédentes, cette enquête a été réalisée en ligne auprès d'un échantillon de 1000 personnes, représentatif de la population française salariée du secteur privé et âgée de 16 ans et plus. Méthode des quotas appliquée aux variables suivantes : âge, sexe, taille d'entreprise (à partir de 20 salariés), secteur d'activité (industrie/commerce/services).

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